Macroéconomie : entre momentum économique décevant et soutien des banques centrales
Le momentum mondial est resté globalement décevant, les données de fret et de PMI au niveau mondial sont restées orientées à la baisse. Et si les surprises macro-économiques se sont stabilisées dans les pays émergents grâce au rebond chinois, l’amélioration visible dans les pays du G10 en janvier a été effacée. Néanmoins, la croissance mondiale en 2018 devrait s’établir proche de 3.7% en PPA. Parallèlement, les pressions inflationnistes se sont détendues, le discours des banques centrales est resté accommodant et les conditions financières mondiales ont eu tendance à se détendre.
Aux Etats-Unis, la croissance pour le 4ème trimestre a été de 2.6% en rythme trimestriel annualisé, soutenue par la consommation privée (2.8%) et l’investissement des entreprises (6.2%). Mais la chute des dépenses de consommation en décembre plaide pour une révision baissière lors de la seconde estimation. Soulignons : (i) la progression contenue du déflateur sous-jacent des dépenses de consommation, 1.7% en rythme trimestriel annualisé en décembre et (ii) la prudence de la FED eu égard à la dégradation de la balance des risques. J. Powell a même laissé entendre que la réduction du bilan de la FED pourrait être achevée dès cette année.
En Zone euro, après la déception causée par les chiffres de croissance en fin d’année, l’indice PMI composite pour février est ressorti à 51.4, un plus haut de 3 mois. Cette performance s’explique par le secteur des services puisque le secteur manufacturier, à 49.2, est à un plus bas de 69 mois. L’emploi progresse dans les services et reste stable dans le secteur manufacturier et les surprises macro-économiques sont actuellement sur une phase de léger rebond laissant à penser que le pire est derrière nous. Parallèlement, l’inflation sous-jacente a baissé en février à 1% sur un an. Dès lors, la BCE devrait maintenir son statu quo tout en révisant à la baisse ses prévisions d’inflation et de croissance et en adoptant un ton plus accommodant. Cela pourrait passer par l’annonce de réflexions sur de nouvelles TLTRO et une évolution progressive de la forward guidance.
En Chine, les surprises macro-économiques sont repassées positives alors que s’ouvre l’Assemblée Nationale Populaire qui devrait acter d’une : (i) légère baisse de leur cible de croissance, actuellement proche de 6.5% ; (ii) légère hausse de la cible de déficit, actuellement à 2.6%. En revanche, la croissance a déçu au 4ème trimestre aussi bien en Inde (6.6% vs. 7% attendu) qu’au Brésil (1.1% vs. 1.4%).

Marchés : les actifs risqués continuent de progresser, mais sur un rythme moindre
Malgré le maintien d’un contexte macro décevant, le rebond de l’appétit pour le risque alimenté par les banques centrales et les avancées sur le front du commerce a soutenu la progression des actifs risqués en février tandis que les taux longs des pays riches étaient orientés à la hausse.
C’est aux Etats-Unis que la pression haussière sur les rendements souverains a été la plus forte, +9 pb à 2.72%, soit un plus haut depuis fin janvier, mais la pente 2/10 ans s’est très légèrement redressée. En Zone euro, la pression a été plus modeste et l’OAT ne progresse que de 2pb à 0.57% alors que les perspectives immédiates restent assez défavorables (Brexit et ralentissement mondial). Le retour de l’Italie en récession technique et la baisse de la perspective associée à la note souveraine par Fitch ont alimenté une hausse du spread avec l’OAT de 15pb sur le mois. Le marché du crédit continue d’afficher des performances positives : le segment le plus sensible à l’appétit pour le risque, le HY, affiche une réduction de son spread de 34 pb en février, soit près de 80 pb depuis le début de l’année.
Dans un contexte de baisse de la volatilité, les marchés actions ont poursuivi leur progression mais la dynamique a montré des signes d’essoufflement en fin de période. Le MSCI monde (en dollars) affiche une hausse de 3% et, en monnaie locale, les places européennes se distinguent, +4% pour l’euro stoxx 50 vs. respectivement 3% et 2.6% pour le S&P 500 et le Topix. Les attentes de bénéfices pour 2019 ont continué d’être révisées à la baisse tant pour le S&P 500 (-1.2%) que pour l’euro stoxx (-1.4%), les valorisations (P/E 12 mois forward) ont quasiment effacé leur chute de fin d’année et la prime de risque européenne a perdu 1pt depuis janvier à 6.7% vs. 2pts à 3.3% aux Etats-Unis. Enfin, malgré un maigre 1% sur le mois, les pays émergents restent loin devant en termes de performances à 3 mois (5% vs. 1% pour le S&P 500). On soulignera la dynamique chinoise sur un mois (+15%) soutenue par : (i) les avancées sur le front du commerce et la probabilité d’un rebond de la croissance au T2 ; (ii) la décision de MSCI d’augmenter la part des actions A chinoises dans son indice MSCI Emergent.
Le pétrole est resté bien orienté sur le mois (+7% pour le Brent à 66 dollars le baril) malgré une volatilité élevée.
Achevé de rédiger le 4 mars 2019.